La jeune artiste cubaine Lorena Marañón crée avec des aiguilles à broder, du fil et des étoffes vintage, des pièces pétillant de joie caribéenne. Selon son libre credo : tout je peux, rien je ne dois. Nous sommes enchantées par son travail et lui avons posé quelques questions...
Des étoffes aux couleurs somptueuses, des broderies colorées comme des fleurs exotiques, du patchwork freestyle, et tout cela créé spontanément : les origines de Lorena Marañón et sa joie de vivre se reflètent dans ses œuvres. Et ce qui semble spontané, est parfaitement planifié. Elle dessine chaque motif en détail, le reporte sur l’étoffe et le brode très soigneusement de couleurs vives.
"D'où vient votre passion pour l'art textile ?"
LM : "J'ai une passion infinie pour la fabrication d'objets. Sans création, la vie n'aurait aucun sens pour moi. Cela peut sembler très kitsch, mais je suis vraiment habitée par l'envie de mener à terme de nouveaux projets."
"Quels types de techniques combinez-vous ?"
LM : "Je n'ai appris et ne pratique la broderie que depuis sept ans. J'ai voulu alors l'associer à du design de bijoux. Il y a trois ans, j'ai travaillé pour une entreprise qui s'est spécialisée dans les étoffes à patchwork, c'est ainsi que j'ai fait entrer cette technique dans mes réalisations : en résulte pour moi une combinaison parfaite, romantique, qui livre des choses intéressantes, et dont je ne me lasse pas.
"Née et élevée dans un village de montagne à Cuba, elle a eu la chance d’aller suivre des études de design de mode à Miami – un lieu parfait pour elle, incroyable melting-pot foisonnant où se mêlent les influences et les styles artistiques des Caraïbes, de l’Amérique latine et de l’Amérique du Nord.
"Qu'est-ce qui vous inspire, ou vous influence ?"
LM : "C'est le monde de l'art et de la mode qui m'influence le plus. J'ai étudié la mode, c'est donc là que se trouvent les fondements de mes concepts et de ma façon de travailler avec l'aiguille, le fil et les étoffes."
"A quoi ressemble votre lieu de travail ? Où préférez-vous travailler ?" "
LM : "J'ai transformé entre-temps ma chambre à coucher en atelier. Il est agencé très simplement mais de façon pratique : j'ai une table avec une machine à coudre et de nombreux tiroirs pour les étoffes et les fournitures. Lorsque je fais quelque chose de manuel comme de broder, je marche de long en large avant de m'asseoir là où ça me plaît le plus. De préférence près d'une fenêtre, pour pouvoir regarder dehors, ou directement dans la véranda."
"Que ressent-on quand on finalise enfin une œuvre ?"
LM : "Finir une pièce est une expérience amusante - juste avant les derniers points, je deviens nerveuse et excitée. Puis je vois devant moi l'espace de quelques instants, toutes les journées, les heures et les minutes passées à réaliser cette pièce. Parfois aussi, il m'arrive de redéfaire certains éléments ou de les surtravailler, jusqu'à ce que cela me plaise – et cela peut durer très longtemps !"
Lorena Marañón travaille parfois les étoffes artistement brodées en colliers ou boucles d'oreilles amusants, ou en pièces de grandes couvertures ou coussins en patchwork, sa seconde passion.
"Combien de temps vous faut-il pour faire une broderie ou un quilt ?"
LM : "Lorsque je mélange diverses techniques ou que je brode encore sur un quilt, il me faut le double de temps de ce que j'aurais fait si je n'avais pas brodé. Au début, je brodais essentiellement, avec ces points d'aiguilles lents et répétitifs que j'aime tant. Mais le travail va beaucoup plus vite lorsque je conçois avec de grandes étoffes colorées que simplement avec ces innombrables points de broderie. D'ailleurs, j'utilise de plus en plus cette nouvelle technique pour moi."
"De quelle œuvre êtes-vous particulièrement fière ?"
LM : "Comme mes pièces sont d'ordinaire plutôt petites, je me surprends parfois à préférer un grand quilt – juste à cause de la taille ! Pourtant il se cache souvent plus de travail et de temps passé dans les pièces plus petites. Ce qui prouve combien la taille d'un objet peut influencer la perception de l'observateur. Une de mes pièces favorites de ces temps derniers est un quilt que j'ai dessiné moi-même. Il a été ensuite quilté par des femmes exceptionnelles et exposé. Travailler avec d'autres créatifs est une chose merveilleuse !"
"Votre famille soutient-elle votre passion ?"
LM : "Oui ! Dès le début de mon voyage dans l'art textile, tout le monde s'y est intéressé dans mon entourage. Quelle serait ma prochaine étape, comment j'allais de l'avant, comment mes pièces évoluaient. C'est un sentiment merveilleux que d'être soutenu par les gens que l'on aime et l'on chérit. Savoir que quelqu'un croit en vous rend un peu plus légers les jours les plus sombres."
Depuis un an, Lorena Marañón vit à Los Angeles, une ville qui lui donne l'impression de s'épanouir plus pleinement sur le plan artistique. Elle y a lancé avec son compagnon un projet citoyen qui irrigue son quartier d'expositions, de cours et d'événements divers.